Je tenais à faire une galerie avec des photos prises en 2010 et 2011.
On a tous commencé quelque part et je voulais montrer aussi que, sans toujours beaucoup de recherche ou de notions techniques, ces photographies voulaient déjà dire quelque chose.
C’est une galerie pour les débutants, pour les encourager à continuer, à juste exprimer ce qu’il y a dans leur tête et dans leur coeur sans se soucier, au départ, d’être un « artiste ».
C’est une aussi une jolie manière de prendre du recul sur mon propre travail.
…

Casper’s last journey, Londres, Janvier 2010
Photo prise avec un appareil compact.
Dans cette image, j’aime bien que cette femme regarde dans le vide, comme si elle avait vu un fantôme. Etant dans une rame de transport en commun, cela fait directement référence au titre du journal.
C’est la seule photo que j’aime aujourd’hui de ce voyage.

« La tulipe et la menthe morte », avril 2010
Je venais de recevoir mon premier reflex, un Canon 500D que j’ai toujours.
Je faisais des tests de profondeur de champs.
Elle n’a pas grand intérêt, mais a une forte valeur sentimentale.

Parc Vigeland, Oslo, avril 2010
En achetant ce premier appareil, mon but était clair : voyager.
Mon premier voyage avec mon Canon fut en Norvège, dont voici une sélection de photographies.

« Couples », Oslo, avril 2010.
J’ai rapidement été fascinée par ce parc, rempli de sculptures de l’artiste Gustav Vigeland.
J’aime spécialement cette photo, car j’avais remarqué ce couple d’oiseaux en arrière plan, ce qui souligne la sculpture en premier plan. Une de mes premières photos, pas trop mal composée.

Oslo, avril 2010
Dans la même série. J’aime simplement l’aberration chromatique en bas. J’ai plusieurs fois essayé de recréer cet effet dans mes images.

« Sex Death Blood Kill HASJ », Oslo, avril 2010
Tentative de composition et de dialogue entre un texte de rue et une scène.
Mon mari m’a fait remarquer que je faisais beaucoup ça, encore aujourd’hui. Les mots et la poésie entrent souvent dans mon univers visuel.

« Push to the shadow », avril 2010, Oslo
Ces coins de rue m’ont interpellée. Il y avait des passages piétons partout et la ville, baignée de lumière nordique 20h par jour, m’a offert un jeu de débutante. Il a consisté à travailler la composition à la fois avec les bâtiments mais aussi avec les lignes d’ombre et de lumière.

« Still », avril 2010
Encore un exemple de composition simple où mon sujet humain est au centre. Mais curieusement, les bâtiments autour et les lignes de lumière apportent la dynamique dans cette composition.
La curieuse homogénéïté bleu-grise des couleurs ajoute un petit plus à mon goût.

« La pêche dans le fjord », avril 2010, Alesund.
Dans la tranquilité d’un fjord nuageux,

« Mamie Dédé », 2010
Un de mes premiers portraits avec intérêt photographique.
J’aime beaucoup celui-ci même si je lui reconnais un défaut de composition, mais aussi d’exposition.
Ce défaut m’a été fait remarquer un peu froidement par un photographe que j’admirais beaucoup à l’époque, ce qui m’avait peinée. Sans me décourager.
Aujourd’hui, j’aurais légèrement basculé mon appareil pour laisser moins de vide au dessus et donner plus de détails sur la table.
Cependant, même si elle est légèrement surexposée, j’aime cette lumière matinale et la dynamique du geste de cette mamie au caractère bien trempé.

« La caissière du cinéma dynamique artisanal », 2010
Un festival de Théâtre à La Rochelle avec la compagnie « Popul’art ». A cette époque, je commençais à toucher du doigt la photographie de rue et les portraits. Jeune et beaucoup moins réservée qu’aujourd’hui, je me permettais de prendre des photos au plus près de mes sujets. Elle a ce défaut de vide dans la partie supérieure et la main coupéeen bas à droite, malheureusement. Mon oeil n’était pas encore bien entraîné.
Encore une fois, ce n’est pas une image exceptionnelle, mais elle me fait beaucoup rire.

« Flower fire », 2011
Mal à l’aise au départ avec le format reflex, notamment dans les portraits en vertical, j’ai cherché un temps à régler le soucis en composant en carré. J’aime bien cette image, mais ce n’était pas encore trop ça, un peu compacte à mon goût aujourd’hui. Et je regrette que la main en bas ait été coupée.
Cependant, j’aime la délicatesse du geste à côté de ce foyer.

« Fire in the sea wind », 2010
Une nouvelle amie. Un bord d’océan avec une lumière d’été indien.
Ce sourire, ces cheveux, cette beauté qui m’inspirera tant de fois les années suivantes.
Le premier portrait dont je suis fière.
J’aime l’audace que j’ai eue dans cette composition, pas encore trop formatée à la règle des tiers.

« Life adventure », 2011
J’aime la lumière du nord dans cette photo, rasant l’herbe. Je ne l’ai que peu retouchée, si je me souviens bien avec une touche de contraste et une correction des ombres pour éviter que les détails de la petite fille soit bouchés.
J’ai longtemps adoré cette photo. Aujourd’hui encore je l’aime beaucoup, mais…voici ci-dessous un recadrage avec un post-traitement légèrement différent.
Si je l’aime autant c’est parce qu’elle a fait miroir avec mes sentiments concernant le voyage à ce moment-là. Une vive impression de liberté et d’élan vers la découverte.

« Life adventure », 2011 (post-traitement 2020)
Qu’en pensez vous?
Cela m’a permis, à mon avis, d’améliorer la composition car la petite fille est davantage mis en valeur ainsi que la diagonale de sa trajectoire possible.
Le ciel, trop lumineux et bouché, a été tronqué ce qui ne dévie pas autant le regard du sujet qu’auparavant.
J’ai aussi corrigé énormément l’exposition, ce que je n’avais pas fait en 2011.
J’aime beaucoup la petite abberation chromatique près du pied de la petite fille.

« As before wrapped in leaves », octobre 2011.
A l’époque, je faisais beaucoup de composition en carré. Format que je trouvais intime et intéressant à travailler. J’ai pris plusieurs clichés où je me mettais en scène, car la photographie a très clairement pris une place de miroir dans ma vie à cette époque.
Cette image représente le rôle protecteur que la nature et plus spécialement les plantes ont eu pour moi. Le format carré ajoute clairement quelque chose à cette impression de contenance rassurante.

« Ghost in my emotion », octobre 2011.
La vingtaine, une époque pour moi pleine d’inconstances et de doutes.
J’ai utilisé et j’utilise encore énormément la vitesse lente pour créer des flous plein de sens, pour exprimer très souvent un sentiment de perte de contrôle, d’indétermination, d’insécurité.
Ici, les feuilles si rassurantes de la photographie précédente sont mortes.

« Rhapsody », 2011
Le couple et l’amour, aspiration majeure à cette époque. Belle image de ce que ça devait être pour moi. Idéalisation soulignée par cette magnifique lumière, l’intimité du format, et cette jolie aberrration chromatique.
Aujourd’hui, elle me paraît un peu cliché, mais elle présente un esthétisme ingénu certain.

« I’m, they are », 2011
J’aime cette image, même si elle a ses imperfections.
J’ai cherché une aberration chromatique que je n’ai pas eue, mais les rayons de lumière sont convenables.
Tapie dans l’ombre, en bas d’un escalier, un peu à part, j’observe les gens en groupe dans la lumière.
Une réflexion sur mon étrangeté, ma timidité profonde et mon idéalisation des groupes sociaux.

« Busy », 2011
Des gens affairés, en costume, plein de paquets, dans un souterrain de métro.
Une façon de montrer cet empressement était d’utiliser la vitesse lente que j’ai assez mal maîtrisée, à main levée. Mais l’intention était là.

« Free », 2011
Habitant depuis peu en ville, j’ai été submergée de nouveaux sujets possibles.
Je ne me souviens plus de ce qui est venu avant l’autre : mon intérêt pour l’Urbex (exploration des ruines urbaines) ou ma curiosité pour les bâtiments abandonnés.
C’est rapidement devenu une obsession à cette époque et j’ai pu exprimer beaucoup de choses dans ces cadres particuliers.

« Chambre froide », 2011.
Cette série a été un déclic profond pour moi. La force du lieu, le nu plein de sens.
J’ai su que la photographie avait un rôle primordial dans ma vie à ce moment-là. J’ai touché du doigt la force d’expression que j’avais à bout de « clic ».
Cette photo fait partie d’une série dont d’autres images sont disponibles dans mes galeries. J’ai choisi celle-là, car je l’ai toujours écartée à la sélection. J’ai modifié drastiquement la balance des blancs, la colorimétrie.
Cette série montre à la fois la fragilité face à nos ruines intérieures, nos traumatismes, nos abandons, mais aussi le désir et la beauté de ce qui peut en naître.
Une vraie complicité de ce point de vue s’est créée avec le modèle.
Si quelques fois j’ai malheureusement pu céder au côté ‘objectifiant et racoleur’ du nu, aujourd’hui je cherche absolument à ce que cette nudité soit le résultat d’une complicité, qu’elle ait un message personnel et intime.

« Hard to touch my soul », 2013